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Article publié le 18 janvier 2018.

Motion CGT au CHSCT du Nord - santé au travail - 15 décembre 2017

Nous avons plusieurs fois alerté la direction précédente et actuelle. Nous avons ici même, dans cette instance l’année dernière, fait des alertes concernant les agents du Service administratif ou les cadres de la direction. En tant qu’élu(e)s du personnel et Organisation Syndicale, nous sommes confrontés à une augmentation de cas de mal être, de souffrance, de discrimination voir de harcèlement. Cette constatation nous la retrouvons à tous les niveaux hiérarchiques et dans tous les services de la direction.

Fatigue, défaut de concentration, blocage du dos, maux de tête, boule au ventre pour venir au travail… deviennent le lot quotidien de certains agents. Puis nous voyons des personnes prendre du poids ou au contraire maigrir anormalement qui s’étiolent jours après jours jusqu’à la dépression ou le « burn out ».

Brutalement, certains agents agressent verbalement leurs collègues ou supèrieur(e)s, ne pouvant plus supporter ce qu’ils subissent au quotidien de vexations ou de mépris. D’autres s’enferment dans un mutisme qui les amène à se dévaloriser puis s’acheminent vers la dépression. Généralement cela se termine sur un congé maladie, voire en grave maladie. C’est particulièrement le cas de nos enquêtrices et enquêteurs qui sont isolé(e)s et d’autant plus vulnérables. Ils n’arrivent plus à verbaliser leur souffrance.

Pour se protéger, les agents pratiquent l’évitement, changent de poste à la première occasion ou se mettent à temps partiel. Le plus souvent, ils enchaînent les arrêts maladie. Mais le problème reste entier, il ne dépend pas d’eux car il est structurel, c’est l’organisation du travail qui provoque cet état de fait.

Si ces exemples sont relativement courant, ils sont particulièrement concentrés dans notre établissement. Certes nous subissons les choix gouvernementaux : non renouvellement des agents partant à la retraite, baisse des effectifs dans les fonctions supports, auxquels viennent s’ajouter les choix de notre direction nationale : mutualisation, centralisation restructuration et réorganisation. Au final, faisant porter sur quelques agents le poids des postes supprimés.

Au sein de notre établissement, de nombreux cadres ont fait l’objet de promotions internes ou occupent des postes avec une dimension managériale dans le but d’en obtenir une à l’avenir. Or, dans bien des cas, ces cadres n’ont, au fil de temps, étaient formés ni vraiment à l’organisation du travail, ni vraiment sensibilisés aux conditions de travail, encore moins à veiller à la santé de leurs agents. Ils se débrouillent jusqu’à ce qu’ils atteignent les limites de leurs compétences. Diriger une équipe nécessite cependant de véritables savoirs, et ce point est trop souvent écarté quand il s’agit de mettre sur la voie d’une promotion tel ou tel agent. D’autant que pour certains, les promotions au choix, c’est à dire hors concours, peuvent se succéder au cours d’une carrière.

Parmi ces cadres qui sont confrontés à ces situations certains ne cherchent pas à évoluer ou ne savent pas comment faire. Aussi réagissent-ils en isolant les agents menaçants pour leur carrière. Si ces derniers se rebiffent, ils se font discriminer et parfois jusqu’au harcèlement.

Suite à nos nombreuses interventions dans le temps, des formations au « management » ont bien eu lieu de manière épisodique. Elles n’ont pas eu les effets escomptés car le phénomène perdure et reste concentré dans certaines équipes. Or quand le responsable change d’équipe, le malaise change d’équipe aussi.

Nous tenons à dénoncer ici, la responsabilité de notre direction qui propose à la promotion des agents sans anticiper les suites de ses décisions, qui ne tient pas compte des compétences de ses cadres, ni de leurs capacités. Les mettant bien souvent eux et leur équipe en situation difficile et inconfortable. Nous estimons que la direction est responsable de ces situations génératrices de stress et de souffrance et demandons qu’elle mette tout en œuvre pour :

  • Écouter et protéger les agents qui sont actuellement dans ces situations et tout mettre en œuvre pour les aider à en sortir.
  • Aider les cadres actuellement en difficulté en apportant des réponses individuelles adaptées si nécessaire.
  • Protéger les agents collectivement en les informant de leurs droits en matières de santé au travail, en leur communiquant tous les relais existants qui leur permettent de se protéger du harcèlement ou de la discrimination.
  • En menant une grande campagne de sensibilisation pour libérer la parole sur leurs ressentis et déculpabiliser ceux qui osent en parler.
  • En retenant comme critère de promotion interne non le « copinage » mais les compétences déployées sur le terrain en terme de conditions de travail.

Lille, le 15 décembre 2017

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