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Article publié le 23 mars 2020.

Coronavirus : ce qui change pour les enquêtrices et enquêteurs de l’Insee, le CR CGT, FO, SUD

Jeudi 19 mars s’est tenue (par téléphone) une réunion de dialogue social principalement consacrée au programme d’enquête en cette période de confinement de la population.

Nos positions

Pour nous, la priorité va naturellement à la santé publique. Nous demandons qu’il n’y ait plus de déplacements professionnels, ni pour les enquêteurs et enquêtrices, ni pour les agent·e·s de bureau. Personne ne doit être exposé pour l’exercice de ses fonctions, et personne ne doit contribuer à la propagation du virus.
Une fois posé ce préalable, ce que nous demandons, c’est que les conditions de travail ne soient pas dégradées. Nous connaissons l’utilité de notre travail et de nos enquêtes. Nous avons le sens du service public. Pour autant, les enjeux de nos travaux ne sont pas comparables avec l’urgence sanitaire : nous ne conduisons pas des ambulances.
Il reste le télétravail et les enquêtes téléphoniques, dont le champ est élargi. Mais tout le monde n’est pas égal sur le télétravail. Les situations sont très diverses, tout le monde n’a pas les moyens (matériels et financiers) de travailler chez soi, confiné avec sa famille. Il faut donc et avant tout un recensement exhaustif des situations personnelles concernant les possibilités et impossibilités de travail à domicile.
Toutes les enquêtes ne peuvent être menées par téléphone. C’est un changement de procédure majeur qui doit être décrit et testé, à supposer même qu’il soit possible (rappelons qu’un récent rapport de l’inspection générale sur le sujet en a souligné toutes les conditions). De l’envoi de la lettre avis (par mail ?) au passage du questionnaire, tout pose problème. Il ne suffit pas de dire « Faisons du téléphone, on verra bien. ». Enquête par enquête, étape par étape, tout doit être examiné, et l’expertise des enquêteurs et enquêtrices est indispensable à ce stade.
Le caractère essentiel des enquêtes doit aussi entrer en ligne de compte. Toutes n’ont pas la même utilité sociale dans une situation d’urgence sanitaire et il n’est pas possible de faire peser une charge d’enquêtes non essentielles aux enquêté·e·s dans ce contexte.
Enfin, bien entendu, la santé physique et psychique des enquêtrices et des enquêteurs doit être préservée (pas de téléphone sur des durées trop longues), et il ne faut pas que les reports de charge conduisent à des surcharges d’activité sur le second semestre.

Ce que nous avons obtenu

La direction a affirmé qu’aucun·e agent·e·s n’avait à quitter son domicile pour raisons professionnelles, jusqu’à la fin des mesures de confinement : ni relevés de prix, ni repérages, ni envois de lettres-avis.
Les salaires seront intégralement maintenus. Des solutions sont à l’étude pour les agents en fin de CDD, afin qu’ils puissent finir leur contrat et que Pôle emploi puisse prendre la suite.
L’intégralité du travail confié sera pris en compte dans Opale comme il l’aurait été en période “normale” (une enquête devant habituellement être passée sur le terrain sera comptée comme telle, déplacements compris, même si elle est faite en téléphone).
Les enquêtes non réalisées pour cause d’épidémie ne pénaliseront pas les enquêtrices, ni cette année ni sur le calcul de la charge Opale l’année prochaine, comme s’y était engagé le Directeur général lors de notre dernier CHSCT-S. Toutes les enquêtes téléphoniques qui ne pourront aboutir devront être classées en NTT selon les consignes de la direction.
Il a été confirmé que les agent·e·s en situation de garde d’enfants ne sont pas en télétravail : on ne leur confie aucune enquête. Si c’est votre cas, surtout signalez-vous. Manifestement seulement une minorité des collègues en garde d’enfants sont aujourd’hui connu·e·s de l’administration.
Une solution pour le remboursement des frais par voie dématérialisée sera trouvée rapidement. Surtout n’envoyez plus rien par la poste, le courrier n’est plus relevé (et c’est normal). Des consignes claires ont été promises.
Enfin, le programme d’enquête sera revu d’une manière ou d’une autre afin de ne pas charger anormalement le second semestre.

Ce que nous revendiquons encore

La direction, en revanche, ne prend pas la mesure du changement induit par le passage au tout téléphone. Tous les témoignages que nous avons montrent que les enquêtes complexes sont quasiment impossibles à mener ainsi, sans même parler de la charge sur les enquêté·e·s. Songez qu’il y a des personnels soignants dans nos échantillons !

Curieusement, la direction semble ignorer ces difficultés, affirmant même que les premiers retours sont bons !
Nous demandons que la charge d’enquête soit réduite drastiquement et qu’un examen sérieux du programme d’enquête et des procédures soit fait, faute de quoi les conditions de travail seront dégradées et les enquêtes de toutes façons inexploitables.

Il est notamment hors de question que l’intégralité des enquêtes initialement prévues en face à face soient transformées en enquêtes téléphoniques, même en cas de prolongation du confinement : cela ne doit être le cas que pour les enquêtes réellement indispensables, avec dans ce cas une adaptation du questionnaire et des consignes, et la rédaction d’argumentaires pour les enquêtrices et enquêteurs.
Cette partie de la discussion a été escamotée par la direction : c’est regrettable, car c’est le cœur du sujet !

À ce stade, la direction ne mesure pas l’impact de son optimisme, qui tend à demander l’impossible aux enquêtrices et aux enquêteurs, comme aux agent·e·s des DEM d’ailleurs.

Nous continuerons à réclamer une charge de travail adaptée, et des consignes réalistes. On en est encore loin.

Nous invitons toutes les enquêtrices et tous les enquêteurs à faire remonter auprès de leur Dem l’ensemble des difficultés rencontrées dans l’exercice de leur mission, qu’il s’agisse de difficultés liées à leur situation personnelle de confinement, ou des difficultés de passation des enquêtes téléphoniques. N’hésitez pas non plus à ajouter toute précision utile dans les cases commentaires prévues à cet effet dans les questionnaires.

Vous pouvez faire remonter vos expériences et difficultés auprès des représentants syndicaux. Vos témoignages nous sont précieux lors de nos échanges avec la direction. Nous rappelons que le registre SST dématérialisé reste également accessible pendant les temps de connexion autorisés pour les enquêtrices.
Bon courage à toutes et tous, portez-vous bien !

Les syndicats CGT FO SUD de l’Insee

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